Malgré un marché du travail au ralenti, certaines professions continuent de tirer leur épingle du jeu.
Alors que les entreprises font preuve de prudence, plusieurs secteurs devraient connaître des hausses de salaires marquées en 2026, portées par la pénurie de talents et la transformation des métiers. Nous vous dévoilons lesquels.
Une année 2026 sous tension, mais des salaires toujours en progression
Le marché reste prudent en France : la croissance s’annonce modérée, avec une prévision de +0,6 % pour 2025 selon l’INSEE. L’investissement ralentit, la confiance des entreprises demeure fragile, et le contexte géopolitique pèse encore sur les décisions de recrutement et de rémunération. Malgré cela, les salaires continuent de progresser, même si la hausse reste contenue.
D’après le Guide des salaires 2026 de Robert Half, publié le 8 octobre 2025, les rémunérations des cadres devraient augmenter de +2,16 % en moyenne en 2026, contre +2,9 % en 2025. Ces chiffres sont repris par plusieurs médias spécialisés, dont Courrier Cadres et HelloWorkplace, qui soulignent la résistance du marché malgré le ralentissement économique.
Le recul de l’inflation explique en partie ces hausses plus modérées : selon l’INSEE, elle s’est établie autour de 1 % en 2025 (entre 0,7 % et 0,9 % selon les mois), et la Banque de France prévoit qu’elle oscillera entre 1 % et 2 % en 2026. En d’autres termes, les gains réels pourraient rester stables malgré l’augmentation nominale des salaires.
Les entreprises, elles, adoptent une posture d’attente : incertitudes économiques, contexte politique mouvant, et surtout l’arrivée de la directive européenne sur la transparence salariale, qui doit être transposée en droit français au plus tard le 7 juin 2026. Cette nouvelle règle incite les organisations à repenser leurs politiques de rémunération pour plus d’équité et de clarté.
Enfin, comme le souligne Matthieu Imbert-Bouchard, directeur général de Robert Half France, « les entreprises avancent avec prudence, mais certaines fonctions clés, notamment dans les ressources humaines et la technologie, continuent d’afficher des hausses notables ».
Ces métiers tirent leur épingle du jeu malgré la prudence des employeurs
Si la tendance générale reste à la modération, certains secteurs continuent d’afficher une dynamique positive sur le plan salarial. Portés par des transformations structurelles ou des besoins critiques, ces métiers résistent à la conjoncture et voient leurs rémunérations progresser bien au-delà de la moyenne.
Les secteurs qui se démarquent :
- Ressources humaines (RH) : +5,8 % en moyenne, avec des hausses à deux chiffres sur certains postes clés.
- Finance et comptabilité : stabilité globale, mais fortes tensions sur les profils de contrôle de gestion et de conformité.
- Cybersécurité et data : demande toujours supérieure à l’offre, hausses jusqu’à +10 %.
- Santé et médico-social : revalorisations continues, soutenues par la politique publique et la pénurie de talents.
- Transition écologique et énergie : explosion des recrutements dans les métiers liés à la durabilité et aux nouvelles réglementations.
Ces hausses ne sont pas seulement conjoncturelles : elles traduisent une évolution profonde du marché du travail, où les entreprises cherchent à attirer et retenir les compétences stratégiques qui soutiennent leur transformation numérique, sociale et environnementale.
Les métiers des ressources humaines en première ligne
| Fonction | Début de carrière | Moyenne | Expérience confirmée |
|---|---|---|---|
| Directeur des Ressources Humaines | 82 000 € | 112 000 € | 135 000 € |
| Responsable RH / HR Business Partner | 55 000 € | 67 000 € | 78 000 € |
| Responsable du recrutement | 48 000 € | 56 000 € | 68 000 € |
| Responsable paie et administration du personnel | 46 000 € | 55 000 € | 65 000 € |
| Responsable rémunérations et avantages sociaux | 61 000 € | 72 000 € | 83 000 € |
| Spécialiste SIRH | 50 000 € | 61 000 € | 67 000 € |
| Contrôleur de gestion sociale | 42 000 € | 51 000 € | 60 000 € |
| Responsable formation | 51 000 € | 61 000 € | 72 000 € |
| Chargé de formation | 41 000 € | 51 000 € | 62 000 € |
| Chargé de recrutement | 41 000 € | 52 000 € | 61 000 € |
| Chargé RH généraliste | 44 000 € | 54 000 € | 63 000 € |
Source : estimation Le Bon Salaire d’après les tendances du Guide des Salaires 2026 – Robert Half.
Les fonctions RH connaissent un véritable bond salarial en 2026. Longtemps considérées comme un centre de coût, elles s’imposent désormais comme un levier stratégique de performance et de rétention des talents.
Le poste de responsable rémunération et avantages sociaux affiche une progression spectaculaire de +17 % sur un an. Cette hausse s’explique notamment par la préparation à la directive européenne sur la transparence salariale et par le besoin d’harmoniser les politiques internes.
Derrière, les fonctions de chargé de formation (+13 %) et de chargé de recrutement (+12 %) sont également très recherchées. La montée en puissance de l’IA dans la gestion des talents et la digitalisation des outils RH ont créé une nouvelle demande pour des profils hybrides, capables de combiner compétences humaines et maîtrise technologique.
La tech et la data continuent de dominer
Dans le numérique, la tension reste forte. Les entreprises, tous secteurs confondus, peinent à recruter des experts en cybersécurité, data analysts, ingénieurs IA ou développeurs full stack. D’après une étude de France Compétences, près de 70 % des employeurs peinent à pourvoir les postes techniques dans l’IT.
Ces métiers voient donc leurs salaires progresser entre +7 % et +10 % en moyenne, tirés par la rareté des profils et par l’importance stratégique de la sécurité et de la donnée. Les entreprises sont prêtes à revaloriser fortement les rémunérations pour fidéliser leurs équipes, surtout dans un contexte où la mobilité des talents IT reste élevée.
Santé et métiers du care : la revalorisation se poursuit
Le secteur de la santé bénéficie d’une dynamique salariale soutenue. L’État poursuit ses plans de revalorisation engagés après la crise sanitaire, tandis que le privé cherche à combler un déficit chronique de personnel.
Les infirmiers coordinateurs, cadres de santé et responsables qualité de vie au travail (QVT) voient leurs rémunérations progresser en moyenne de +5 % à +8 %. Ces fonctions sont au cœur de la modernisation du système de soins et de la prise en compte du bien-être des salariés.
La demande croissante pour des postes de prévention, accompagnement psychologique et gestion des risques professionnels traduit aussi une évolution sociétale : la santé n’est plus perçue comme un coût, mais comme un investissement essentiel pour la performance collective.
Des augmentations liées à la transformation du travail
La dynamique salariale de 2026 ne s’explique pas uniquement par les tensions économiques, mais aussi par une transformation profonde du monde du travail. Depuis la généralisation du télétravail, la montée de l’intelligence artificielle et l’évolution des attentes des salariés, les entreprises repensent leur rapport à la rémunération.
Le télétravail a modifié la hiérarchie des priorités : de nombreux cadres privilégient désormais l’équilibre de vie et la flexibilité plutôt qu’une hausse purement financière. Face à cette évolution, les entreprises misent sur des politiques globales de bien-être et de fidélisation incluant primes de performance, bonus de rétention, ou dispositifs de participation et d’intéressement.
L’essor des outils d’intelligence artificielle transforme également les fonctions internes. Dans les RH, la paie, la data ou le recrutement, les outils automatisés font gagner du temps et recentrent les équipes sur la stratégie. Ces nouveaux usages nécessitent des profils qualifiés, mieux formés et donc mieux rémunérés.
Enfin, l’arrivée de la directive européenne sur la transparence salariale, qui doit être transposée en France avant juin 2026, marque un tournant décisif. Ce texte imposera aux employeurs de communiquer sur les écarts de rémunération entre femmes et hommes, et de justifier objectivement les différences salariales. Pour beaucoup d’entreprises, cela implique de revoir en profondeur leurs grilles de salaires, leurs politiques internes et leurs pratiques de négociation.
En somme, 2026 s’annonce comme une année où la rémunération dépasse le simple cadre financier : elle devient un outil d’attractivité, de justice et de transformation sociale.
Ce qu’il faut retenir pour les salaires 2026
À l’issue de cette analyse, 2026 s’annonce comme une année de transition salariale. Les hausses se poursuivent, mais à un rythme plus modéré qu’en 2025. Le contexte économique incertain pousse les entreprises à cibler leurs efforts sur les postes clés et les profils stratégiques.
Voici les principaux enseignements à retenir :
- Hausse globale limitée mais réelle : la progression moyenne des salaires avoisine +2 % à +2,5 %, un niveau inférieur aux années précédentes mais toujours positif.
- Des disparités fortes selon les secteurs : les ressources humaines, la tech, la data et la santé enregistrent les hausses les plus marquées, tirées par la transformation numérique et la pénurie de talents.
- Montée des métiers à impact : les fonctions liées à la transition écologique, à la formation et au bien-être au travail gagnent en attractivité et en reconnaissance financière.
- L’IA et la digitalisation redéfinissent les salaires : les entreprises valorisent désormais la polyvalence et la maîtrise des outils technologiques.
- La rémunération devient un levier de fidélisation : au-delà du salaire fixe, les organisations misent sur la flexibilité, les primes et les avantages pour retenir leurs collaborateurs.
- Négocier devient essentiel : dans un marché plus sélectif, savoir défendre sa valeur ajoutée et maîtriser les tendances du secteur reste la clé pour progresser.